Les prémisses de l’informatique : De la représentation binaire primitive aux premiers outils de calcul, les idées et inventions fondatrices de l’informatique moderne apparaissent progressivement.
Période de l’empereur chinois Fou-Hi dont le symbole magique, l’octogone à trigramme, contient les 8 premiers nombres représentés sous forme binaire par des traits interrompus ou non : 000, 001, 010, 011, etc. Octogone à trigramme, symbole de l'empereur Chinois Fou-Hi.
Apparition au Moyen-Orient du premier outil de calcul : l’abaque et le boulier. Abaque romain (3ème siècle).
Le philosophe grec Aristote définit, dans ses œuvres, ce qu’est la logique, base de la démarche rationnelle et future inspiration de la logique formelle. Buste d'Aristote.
John Napier invente les logarithmes, qui faciliteront les calculs complexes pendant plusieurs siècles avant l’apparition de la calculatrice. John Napier de Merchiston (1550-1617).
Pascal met au point, pour aider son père collecteur des impôts à Rouen, la Pascaline qui pouvait traiter les additions et les soustractions. Contrairement à la machine de Schickard, elle eut un certain succès d’estime à la cour du Roi. C’est pour cela qu’elle est souvent considérée comme la première machine à calculer de l’histoire. La Pascaline (Blaise Pascal, 1642).
Leibniz découvre et met au point une arithmétique binaire. Il invente aussi en 1694 une machine à calculer dérivée de la Pascaline mais capable de traiter les multiplications et les divisions. Gottfried Wilhelm Leibniz (1646, 1716).
Falcon construit le premier métier à tisser utilisant les cartes perforées pour fonctionner. Maquette de la mécanique Jacquart de Jean Baptiste Falcon.
Boole publie un ouvrage dans lequel il démontre que tout processus logique peut être décomposé en une suite d’opérations logiques (ET, OU, NON) appliquées sur deux états (ZÉRO-UN, OUI-NON, VRAI-FAUX, OUVERT-FERMÉ). George Boole (1815-1864).
Le premier câble transatlantique est tiré entre les États-Unis et l’Europe pour interconnecter leurs systèmes de communication. Il cesse de fonctionner au bout de quelques jours, mais un second câble installé en 1866 restera en service près d’un siècle. Pose du câble transatlantique (1858–1866).
L’Américain Alexander Graham Bell met au point le téléphone et fonde la Bell Telephone Company, lançant les premières communications vocales à distance. Alexander Graham Bell (1867, brevet du téléphone).
Sholes et Glidden inventent et commercialisent la première machine à écrire moderne, vendue par Remington. Elle introduit une frappe mécanique standardisée. Machine à écrire Sholes & Glidden (Remington).
IBM commercialise l’IBM 601, un calculateur à relais utilisant des cartes perforées et capable de réaliser une multiplication en une seconde. Environ 1500 exemplaires sont vendus, surtout pour des usages scientifiques et comptables. IBM 601 (1935).
Claude Shannon établit le lien entre circuits électriques et algèbre de Boole, formalisant l’usage du binaire. Il introduit le concept de “bit”, unité fondamentale d’information. Claude Shannon (1916-2001)
Konrad Zuse met au point le Z3, l’un des tout premiers calculateurs programmables. Beaucoup d’historiens le considèrent comme un des premiers ordinateurs de l’histoire. Reproduction de la Z3 au Deutsches Museum de Munich.
Un insecte retrouvé coincé dans un relai du calculateur Mark I provoque une panne. La mathématicienne Grace Murray Hopper popularise alors le terme “bug” pour désigner un dysfonctionnement informatique. Grace Hopper – Mark I (1945).
Les premiers ordinateurs : Maintenant que l’électronique a fait des progrès suffisants et que les premiers calculateurs ont fait leurs preuves, les ordinateurs vont pouvoir apparaître, nés du besoin de réaliser des opérations de plus en plus complexes.
Création de l’ENIAC (Electronic Numerical Integrator and Computer) par P. Eckert et J. Mauchly. La programmation de ce calculateur s’effectue en recâblant entre eux ses différents éléments. Composé d’environ 19 000 tubes, il pèse 30 tonnes, occupe 72 m² et consomme près de 140 kilowatts. Sa vitesse atteint environ 330 multiplications par seconde. ENIAC (1946).
En décembre 1947, William Bradford Shockley, Walter H. Brattain et John Bardeen inventent le transistor dans les laboratoires de Bell Telephone. Ce composant va remplacer progressivement les tubes et permettre la miniaturisation des circuits électroniques. Réplique du premier transistor créé en 1947.
P. Eckert et J. Mauchly, ayant revendu leur compagnie à Remington Rand, lancent l’UNIVAC I (UNIversal Automatic Computer). Il s’agit du premier ordinateur commercial de l’histoire. Le premier exemplaire est vendu au bureau de recensement américain pour 750 000 $, plus 185 000 $ pour l’imprimante rapide. Il est capable d’exécuter environ 8 333 additions ou 555 multiplications par seconde. Cinquante-six exemplaires seront vendus. UNIVAC I (1951)
IBM produit son premier ordinateur, l’IBM 701, destiné à la défense américaine. Dix-neuf exemplaires sont construits. La machine dispose d’une mémoire à tubes de 2 048 ou 4 096 mots de 36 bits et peut réaliser environ 160 000 additions ou 2 200 multiplications par seconde. Le premier exemplaire est installé à Los Alamos pour le projet de bombe thermo-nucléaire. IBM 701 (1952)
Le premier ordinateur français, le CUBA (Calculateur Universel Binaire de l’Armement), est construit par la société SEA. Il marque les débuts de l’informatique électronique en France. Ordinateur CUBA, 1952.
L’ordinateur devient interactif : jusque-là, l’ordinateur était une énorme machine inaccessible, destinée à traiter des masses de données sans intervention extérieure. L’augmentation des performances va maintenant permettre à l’ordinateur de “communiquer” avec l’être humain. C’est aussi à cette période que naît ARPANET, ancêtre d’Internet.
Création du premier ordinateur à transistors par les Bell Labs : le TRADIC. Il inaugure la seconde génération d’ordinateurs, plus fiables et moins gourmands en énergie que les machines à tubes. TRADIC – Bell Labs (1955).
IBM commercialise le RAMAC 305 (Random Access Method of Accounting and Control), le premier disque dur. Il est constitué de 50 disques de 61 cm de diamètre et peut stocker environ 5 Mo de données. IBM RAMAC 305 (1956).
Lancement du CDC 1604, premier ordinateur commercial entièrement transistorisé, développé par Seymour Cray. Il montre le potentiel des transistors pour les machines de calcul haute performance. CDC 1604 (1958).
Texas Instruments réalise la démonstration du premier circuit intégré. Plusieurs composants peuvent désormais être regroupés sur un même support, ouvrant la voie à une miniaturisation massive de l’électronique. Premier circuit intégré – Texas Instruments (1958).
Willy Higinbotham, physicien au Brookhaven National Laboratory, crée un des premiers vrais jeux vidéo de l’histoire, basé sur une machine dédiée construite avec des lampes. Le jeu ressemble beaucoup à ce que sera Pong chez Atari en 1972. William (Willy) A. Higinbotham, (1910-1994).
En France, Philippe Dreyfus propose le mot “informatique” pour désigner la science du traitement automatique de l’information et des ordinateurs. Philippe Dreyfus, (1925-2018).
IBM lance la série des ordinateurs System/360. Jusque-là, chaque nouveau modèle était incompatible avec les précédents. Avec le 360, IBM inaugure une famille de machines compatibles entre elles, ce qui contribuera largement à son succès commercial. IBM S/360 Console, (1964).
Thomas Kurtz et John Kemeny créent le langage BASIC (Beginner’s All-purpose Symbolic Instruction Code) au Dartmouth College, pour permettre aux étudiants de programmer plus facilement. Langage BASIC &ndash, (1964).
Digital Equipment Corporation présente le PDP-8, considéré comme le premier mini-ordinateur. Sa taille et son prix marquent une étape importante dans la démocratisation du calcul. Une publicité montre qu’on peut le transporter sur la banquette arrière d’un cabriolet Coccinelle. PDP-8 – Digital (1965).
IBM construit le premier lecteur de disquettes, qui permettra plus tard un stockage amovible pratique pour les programmes et les données. Prototype lecteur de disquettes IBM, (1967).
Douglas C. Engelbart, au Stanford Research Institute, réalise une démonstration spectaculaire : environnement graphique, fenêtres, souris, traitement de texte, hypertexte et travail collaboratif. De nombreuses idées des interfaces modernes y sont présentées. Douglas Carl Engelbart, (1925-2013).
Niklaus Wirth conçoit le langage PASCAL à la fin des années 1960. Pensé pour l’enseignement de la programmation structurée, il sera largement utilisé dans les années 1970. Langage PASCAL – Niklaus Wirth.
L’ordinateur devient accessible aux particuliers : l’électronique se miniaturise, les microprocesseurs apparaissent et les premiers ordinateurs “personnels”, consoles de jeux et cartes à puce voient le jour.
En avril 1972, Intel met en vente le premier microprocesseur 8 bits, l’Intel 8008, qui servira de base à plusieurs premiers micro-ordinateurs. Microprocesseur Intel 8008 (1972).
Apparition du premier lecteur de disquettes 5 pouces 1/4, qui deviendra un standard de stockage pour les micro-ordinateurs des années 1980. Lecteur de disquettes 5"1/4 (1972).
Hewlett-Packard présente la HP 65, l’une des premières calculatrices de poche programmables, capable de stocker des programmes sur petites cartes magnétiques. Calculatrice HP 65 (1974).
Ralph Baer crée la Magnavox Odyssey, première console de jeu vidéo pour la maison. Elle se branche sur le téléviseur et propose treize jeux répartis sur six cartouches, avec en option un pistolet optique et plusieurs jeux supplémentaires. Magnavox Odyssey (1972).
En mai 1973, le premier micro-ordinateur vendu tout assemblé apparaît : le Micral, conçu et produit en France par André Truong, basé sur le processeur 8008. Malgré son avance, il ne rencontre pas un grand succès commercial. Micral – premier micro-ordinateur français (1973).
IBM met au point un nouveau type de disque dur dit “Winchester”, dans lequel la tête de lecture/écriture plane à très faible distance au-dessus de la surface du disque. Disque dur de type Winchester (1973).
Le journaliste et inventeur français Roland Moreno met au point la carte à puce, qui deviendra un élément essentiel des cartes bancaires et des systèmes d’identification. Roland Moreno, inventeur de la carte à puce, (1974).
En juin 1975, Bill Gates et Paul Allen renomment leur petite société Traf-O-Data en Micro-Soft, future Microsoft, qui deviendra un acteur majeur de la micro-informatique. Bill Gates jeune.
En mars-avril 1976, Steve Jobs et Steve Wozniak terminent leur premier ordinateur, l’Apple I, et fondent la société Apple Computer. Steve Jobs (1955-2011).
L’ordinateur devient “micro” : à partir de 1977 apparaissent des machines accessibles au grand public et facilement utilisables, souvent programmables en BASIC. Elles marquent le véritable démarrage de la micro-informatique telle que nous la connaissons aujourd’hui.
En mai 1977, Texas Instruments présente une nouvelle gamme de calculatrices de poche programmables, les TI 57, TI 58 et TI 59, qui rencontrent un grand succès auprès des étudiants et ingénieurs. Calculatrice programmable, (série TI-5x).
En août 1977, la division Radio Shack de Tandy présente le micro-ordinateur TRS-80. Basé sur un processeur Z80, avec 4 Ko de ROM, 4 Ko de RAM, un clavier, un écran et un lecteur de cassettes, il est vendu 600 $. Dix mille exemplaires sont écoulés en un mois. Tandy TRS-80, (1977).
En mai 1978, Intel lance la production du processeur 16 bits 8086 tournant à 4,77 MHz. Composé d’environ 29 000 transistors, il peut adresser jusqu’à 1 Mo de mémoire. Il servira de base à l’architecture x86. Microprocesseur Intel 8086 (1978).
En 1980, pour son projet de micro-ordinateur, IBM cherche un système d’exploitation. L’entreprise envisage d’abord le CP/M de Digital Research, avant de se tourner finalement vers Microsoft. CP/M (Control Program for Microcomputers), créé en 1974.
La DGT lance une expérience d’Annuaire Minitel électronique en Bretagne. Ce service préfigure ce que deviendra le réseau Minitel en France quelques années plus tard. Minitel 1 de Télic Alcatel, (1980).
La micro devient familiale : à partir de 1981, de nombreux micro-ordinateurs plus simples à utiliser et meilleur marché apparaissent. Le BASIC se généralise, les logiciels se multiplient et l’informatique commence à entrer dans les foyers.
En août 1981, IBM lance son 5150 Personal Computer, équipé d’un processeur Intel 8088 à 4,77 MHz, de 64 Ko de RAM, de 40 Ko de ROM, d’un lecteur de disquettes 5"1/4 et du système d’exploitation PC-DOS 1.0, pour environ 3 000 $. Une version haut de gamme avec carte graphique couleur CGA était proposée à un prix bien plus élevé. IBM PC 5150 (1981).
Mitchell Kapor, avec la société Lotus, commercialise Lotus 1-2-3, un tableur très puissant pour l’IBM PC. Il contribue largement au succès du PC en entreprise. Lotus 1-2-3 (1983).
En janvier 1982, Microsoft signe un accord avec Apple pour développer des logiciels pour ce qui deviendra plus tard le Macintosh. Accord Apple – Microsoft (1982).
En février 1982, Intel lance le processeur 16 bits 80286, tournant à 6 MHz. Comportant environ 134 000 transistors, il peut adresser jusqu’à 16 Mo de mémoire et développe près de 0,9 MIPS. Microprocesseur Intel 80286 (1982).
En mai 1982, le nombre de machines connectées à Internet (ou plutôt à l’ancêtre de l’Internet moderne) est encore très faible : environ 235 ordinateurs seulement. Carte géographique de l'étendue du réseau Arpanet, (1982).
En juin 1982, Sony présente un prototype du premier lecteur de disquettes 3"1/2, qui deviendra plus tard un standard de stockage pour les ordinateurs personnels. Lecteur de disquette et disquette 3"1/2.
John Warnock, fondateur d’Adobe, crée le langage PostScript, un standard de description de pages qui ouvrira la voie à la Publication Assistée par Ordinateur (PAO). John Warnock, Adobe, (1940-2023).
Philips et Sony signent un accord pour définir un standard commun de disque compact numérique à lecture laser : le CD audio. Compact disk audio, Philips / Sony (1982).
En mars 1983, IBM commercialise le PC XT, équipé d’un disque dur de 10 Mo et d’un port série, pour environ 5 000 $. Il tourne sous MS-DOS 2.0, qui apporte la gestion des disques durs et des répertoires hiérarchiques. IBM PC XT (1983).
En novembre 1983, Microsoft annonce officiellement qu’une interface graphique nommée Windows pour l’IBM PC sortira en 1984. En réalité, Windows 1.0 ne sortira qu’en novembre 1985. Microsoft Windows 1.0, (1985).
En août 1984, IBM commercialise le PC AT, équipé d’un processeur 80286 à 6 MHz, de 256 Ko de RAM, d’une carte vidéo et d’un disque dur de 20 Mo, pour environ 6 700 $. IBM PC AT (1984).
En septembre 1984, Digital Research commercialise GEM, une interface graphique pour PC compatible IBM, proposant fenêtres, icônes et menus déroulants. Interface graphique GEM (1984).
Amstrad commercialise le CPC 464, micro-ordinateur familial 8 bits bon marché, avec lecteur de cassettes intégré. Il connaîtra un très grand succès en Europe. Amstrad CPC 464 (1984).
En 1984, le système DNS (Domain Name System) est mis en place sur Internet. Il permet d’associer des noms de domaine lisibles aux adresses IP des machines. Schéma du fonctionnement du DNS.
Thomson commercialise le MO5, micro-ordinateur français équipé d’un processeur 6809E à 1 MHz, de 16 Ko de ROM, 48 Ko de RAM et d’un clavier en caoutchouc, pour environ 2 400 F. Thomson MO5 (1984).
Commercialisation du Cray 2, superordinateur capable de réaliser environ un milliard d’opérations en virgule flottante par seconde (1 Gflops), une puissance de calcul exceptionnelle pour l’époque. Superordinateur Cray 2 (1984).
