Le Collège de Castres (1574–1665) - La prise de Castres — 23 août 1574

Vue de Castres (1657) – fortifications et remparts
Vue de Castres (1657) – Fortifications et remparts.

Ci-contre, image à gauche :

Gravure de Matthäus Merian dans la Topographia Galliae (1657), offrant une perspective cavalière de Castres. On distingue les remparts et la silhouette de la ville, tels qu’ils pouvaient se présenter moins d’un siècle après le coup de main de Bouffard-Lagrange.


Bouffard dit “de La Grange” : capitaine huguenot du Castrais, il surprend Castres dans la nuit du 22 au 23 août 1574 et remet la place aux réformés. Des sources régionales indiquent qu’il s’était emparé auparavant de Burlats où il fut nommé gouverneur. Après la prise, l’administration de Castres passe rapidement à d’autres chefs protestants (gouverneur Guillot de Ferrières, etc.), Bouffard apparaissant surtout comme l’auteur du coup de main.


Jacques Gaches,chroniqueur castrais (XVIIᵉ siècle), relate le coup de main de 1574 qui vit Bouffard-Lagrange s’emparer de Castres. (Montage de texte d’après la chronique.)

Magistrat et historien castrais, son ouvrage principal, les Mémoires de ce qui s’est passé de remarquable à Castres (rédigés vers 1610), constitue une chronique précieuse des guerres de Religion dans le Midi.

Avant l’aube

Ils arrivent au chemin cave du pont de Durenque, trois heures avant le jour.

« S’y rendirent incontinent le capitaine Lafon, d’un côté, avec ceux de Réalmont, et de l’autre les capitaines Rascas et La Laugerie, revenant de Sorèze… »

Par le moulin

La Grange descend droit jusqu’au moulin de Villegoudou et entre dans l’eau jusqu’à mi-cuisse.

« Estant dessus la chaussée, il fit dresser la longue eschelle contre la muraille du moulin et monta le premier sur les tuiles… »

Vers le Pont-Neuf

Le bruit de l’eau n’éveille pas la garde. La Grange avance jusqu’au Pont-Neuf.

« Après avoir été jusques au clocher, s’en voulant retourner pour se joindre avec ceux qui seraient entrés, ils trouvèrent la porte du Pont fermée… »

L’alarme

Des arquebusades éclatent du côté de la Portanelle et du moulin.

« Le capitaine Franc pressoit toujours les troupes à monter ; étant entrés environ deux cents, les ennemis, en garde au moulin de Castres, jetèrent de grands flambeaux de paille allumés sur la chaussée… »

Reprise de la porte et combats dans la ville. Alors que La Grange peine à empêcher sa troupe de retraverser à la nage, le sergent Fabre parvient, par ruse, à reprendre la porte du Pont, permettant la jonction avec les soldats de La Grange. Après des heures de combats indécis dans la ville, l’avantage change de camp. « Tout le jour fut employé en actes d’hostilité. »