Le Collège de Castres (1840–1918) — Le nouveau collège communal

Des Cordeliers à la commune : la pension Bonhomme est reprise par la Ville et devient collège communal.

Façade du collège de Castres (photographie ancienne)
Façade du collège (vue ancienne).

1840–1841 : création et officialisation

En 1840, sous la pression de l’opinion publique et sous l’impulsion du maire Mahuziès, la municipalité de Castres achète les locaux de la pension Bonhomme pour y créer un collège communal.

Sa consécration officielle intervient le 22 septembre 1841 par ordonnance de Louis-Philippe (1830–1848), roi des Français.

Comme tous les collèges communaux du XIXe siècle, l’établissement relève à la fois de la Ville (qui finance locaux, entretien et parfois bourses) et de l’État, par l’intermédiaire de l’académie de Toulouse.

Dans le contexte des grandes réformes de l’instruction publique — de la loi Guizot (1833) jusqu’aux lois Ferry (1880) — le collège communal de Castres illustre l’effort des communes pour offrir un enseignement secondaire accessible, entre tradition humaniste et ouverture aux savoirs utiles.

L’enseignement y reste centré sur les humanités classiques (latin, rhétorique, parfois grec), mais s’enrichit progressivement de matières dites « modernes » : arithmétique, géométrie, dessin, histoire, géographie ou langues vivantes, destinées à mieux répondre aux besoins d’une société en mutation.

Fonctionnement

Dans les collèges communaux du XIXe siècle, les âges des élèves variaient assez largement.

On y entrait généralement vers 10–11 ans, après l’école primaire (où l’on avait appris à lire, écrire, compter, parfois un peu de latin). Le cursus secondaire durait 6 à 7 ans et pouvait aller jusqu’à 16–17 ans, selon la filière et la réussite aux examens.

Le collège communal de Castres, comme les autres, regroupait donc surtout des garçons de 10 à 16 ans, externes ou pensionnaires, encadrés par des régents/professeurs.


Dans les collèges communaux du XIXe siècle, il n’y avait pas de filles :

Les collèges étaient réservés aux garçons. L’enseignement était strictement séparé selon le sexe.

Les filles relevaient surtout d’écoles primaires communales de filles (loi Guizot, 1833), ou bien de pensions/religieuses (congrégations, institutions privées), avec un enseignement orienté vers la lecture, l’écriture, les travaux d’aiguille et la religion.

L’instruction secondaire féminine n’a été organisée officiellement qu’avec la loi Camille Sée de 1880, qui a créé les lycées et collèges de jeunes filles.

1844–1885 Agrandissements & modernisations

Porté par l’essor démographique et les réformes scolaires, le collège s’étend par étapes : salles de classe supplémentaires, études et dortoirs pour l’internat, aménagement d’une bibliothèque et de cabinets de sciences (physique-chimie), création d’un préau couvert et d’une petite salle de gymnastique. Les travaux suivent les prescriptions d’hygiène alors en vogue (aération, éclairage, latrines séparées).

Les chantiers s’échelonnent jusqu’aux années 1880, au rythme des effectifs et des moyens de la Ville.


1900–1914 Un bâti qui vieillit

Au tournant du XXe siècle, faute d’entretien régulier, l’ensemble vieillit : boiseries et toitures à reprendre, locaux étroits, laboratoires à remettre à niveau. Des projets de reconstruction ou de réorganisation sont étudiés par la municipalité et l’académie, sans aboutir avant la guerre.


1914–1918 La guerre interrompt les projets

La mobilisation touche une partie du personnel et des grands élèves ; l’établissement doit resserrer les cours (classes regroupées, horaires réduits). Le maintien des enseignements se fait « au plus près », jusqu’au retour à la normale après l’Armistice.

Plan du collège de Castres en 1861
Plan du collège — 1861.
Plan du collège de Castres en 1914
Plan du collège — 1914.