Jean Jaurès - Affaire Dreyfus, Peine de mort

Jean Jaurès fonde L’Humanité (1904)
Jean Jaurès — L’Humanité

L’homme de presse

En 1904, Jean Jaurès fonde L’Humanité, sous-titré « quotidien socialiste ».

Il en est le directeur jusqu’en 1914 ; le premier numéro paraît le . Défenseur de la classe ouvrière, le journal se passionne pour les luttes sociales et la défense de la paix.

En , Jaurès crée une tribune libre afin que s’y expriment aussi les syndicats, en particulier la CGT, au-delà de la seule rédaction.


Le quotidien devient rapidement la référence de la nouvelle SFIO : Jaurès y publie des éditoriaux très suivis, articulant analyse parlementaire et réalité du monde du travail.

L’Humanité mène des campagnes pour la laïcité et les réformes sociales (journée de huit heures, retraites ouvrières, protections collectives), tout en défendant une diplomatie de paix.


Le journal s’appuie sur des correspondants ouvriers, des lettres de lecteurs et des comptes rendus de grèves, donnant la parole à celles et ceux que la grande presse ignore.

Autour du titre, des cercles de lecture et comités d’abonnés se créent : l’outil de presse devient un véritable instrument d’éducation civique et d’organisation.

Chaque numéro mêle les éditoriaux de Jaurès, des comptes rendus parlementaires, des enquêtes de terrain et des chroniques internationales.

Affaire Dreyfus – documents / portraits

Jean Jaurès et l'affaire Dreyfus (1894-1906)

Le capitaine Alfred Dreyfus (juif d’origine alsacienne) est accusé injustement d’avoir livré des renseignements militaires à une puissance étrangère (l'Allemagne).

Il est arrêté sur ordre du ministre de la guerre puis condamné à la dégradation et à la déportation à vie sur l'île du Diable (22 décembre 1894). Malgré de réels doutes sur la culpabilité de Dreyfus (le probable coupable sera identifié par la suite), le gouvernement ne souhaite pas revenir sur l’affaire.


Le 13 janvier 1898, Emile Zola publie dans le journal l’Aurore le célèbre article « J’accuse » dans lequel il dénonce l’injustice dont est victime Dreyfus. Cet article est un élément décisif pour Jaurès. Une dizaine de jour après, il interpelle le gouvernement sur les illégalités dénoncées par Zola.


Affaire Dreyfus – documents / portraits

A son tour, il contribue à relancer l'affaire et s’engage avec passion dans la défense de Dreyfus.

En août 1898, Jean Jaurès commence dans le quotidien socialiste « La Petite République » une série d'articles dans lesquels il démontre les illégalités commises dans le procès contre Dreyfus.


Ces articles qui démontrent l’innocence de Dreyfus sont rassemblés dans un livre « Les Preuves » publié en octobre 1898. L'engagement de Jaurès sera décisif pour l'évolution judiciaire de l'affaire.

Le 12 juillet 1906 Dreyfus sera reconnu innocent, réhabilité par la Cour de cassation et réintégré dans l’armée. Le 21 juillet 1906, Dreyfus est fait chevalier de la Légion d’honneur.

Campagne contre la peine de mort
Débats à la Chambre des députés (1908)
Campagne contre la peine de mort.

La peine de mort

En , Jaurès s’élève vigoureusement contre la peine capitale :

« La peine de mort est contraire à ce que l’humanité, depuis deux mille ans, a pensé de plus haut et rêvé de plus noble. Elle est contraire à la fois à l’esprit du christianisme et de la Révolution. »


À la tribune, Jaurès démonte l’argument de « l’exemplarité » : rien ne prouve, dit-il, que l’échafaud fasse reculer le crime. Les crimes passionnels, aveugles et soudains, n’obéissent pas à la menace du supplice. Il insiste sur l’irréversibilité de la peine. Jaurès souligne aussi l’injustice sociale de la peine capitale : elle frappe d’abord les plus modestes, ceux qui disposent du moins de défense et d’appuis, bien plus que les puissants.

Il plaide pour des peines de sûreté longues et fermes (perpétuité), compatibles avec la dignité humaine et la possibilité de réviser un jugement si de nouveaux éléments surgissent.


La proposition d’abolition est alors rejetée par la Chambre ; il faudra attendre 1981 pour que la France abolisse définitivement cette peine.