Castres — Maisons sur l’Agout

Castres est souvent surnommée la « Petite Venise du Languedoc » grâce à l’alignement coloré et photogénique de ces maisons au bord de l’eau.

Édifiées à partir de la fin du Moyen Âge (XIIᵉ–XIIIᵉ s.) et adaptées jusqu’au XVIIᵉ siècle, elles ont longtemps abrité des ateliers liés à l’eau.

Maisons sur l’Agout — vue générale
Alignement des maisons sur l’Agout, avec ateliers et séchoirs tournés vers la rivière.

Au XVIIᵉ siècle les rives de l'Agout dans la traversée de la ville ressemblaient à une zone indusrielle.

Ateliers et métiers liés à l’eau

Les maisons sur l’Agout servaient d’ateliers à plusieurs corps de métiers qui avaient besoin d’un accès direct à l’eau, que ce soit pour le travail des peaux ou des textiles.

Métiers principaux Professions installées sur l’Agout

  • Tanneurs — activité principale et prédominante.
  • Chamoiseurs — spécialistes du cuir souple.
  • Parcheminiers — fabrication du parchemin ; travail de peaux nettoyées et étirées, avec une forte consommation d’eau.
  • Teinturiers — teinture des textiles, rinçages et cuves.
  • Tisserands — travail du textile et de la laine.

Les édifices sont caractérisés par les matériaux : pierre au niveau inférieur, murs de bois et de terre aux niveaux supérieurs avec une structure de planchers superposés soutenus par des poutres.

Schéma d’organisation

(E) Sous-sol (la caussine) : Accès direct à l’Agout. On y trouvait les lavoirs et les cuves de trempage, construites en pierre. Les peaux nettoyées étaient rincées dans la rivière et déposées dans les cuves emplies de chaux. Les ouvertures sur le quai étaient souvent en berceau ou en ogive.

(D) Rez-de-chaussée : Lieu du premier travail des matières (atelier de battage/égrenage des peaux ou première préparation des étoffes). Également, emplacement de la boutique (petit commerce) ou des premiers appartements (ouvriers puis maîtres).

(C, B) Étages : Principal emplacement des séchoirs, dotés de petites ouvertures pouvant être fermées par des volets de bois pour protéger les peaux du soleil l'été et du froid l'hiver. Ces niveaux servaient aussi à la préparation finale (découpe, apprêts).

(A) Étages supérieurs (le solelier) : Niveaux dédiés au séchage léger et très ventilé (parchemin, papier, étoffes) et aux logements des maîtres ou des ouvriers, selon les époques.

Toutefois, dès l'époque de Louis XIV, on voyait des propriétaires différents pour les "caussines" et les étages supérieurs.

Schéma des maisons sur l’Agout (répartition par niveaux)
Schéma simplifié montrant la répartition des fonctions par niveau : sous-sol, atelier, séchoirs et logements.

Métiers liés à l’eau – lexique

Tisserand : Fabrique l’étoffe sur métier ; travaille surtout à l’étage (lumière, place).

Teinturier : Colore fibres/étoffes ; besoin d’eau abondante, accès rivière au niveau bas.

Foulonnier : Compacte et « foule » la laine pour la densifier et la solidifier.

Tanneur : Transforme les peaux brutes en cuir (tannage végétal) ; utilise sous-sol/rez-de-rivière.

Mégissier : Prépare des peaux fines (agneau, chevreau) avec des procédés plus doux que le tannage lourd.

Chamoiseur : Réalise des cuirs « chamoisés » : souples et déperlants.

Parcheminier : Prépare des peaux minces pour l’écriture ; besoin d’eau propre et de séchage ventilé aux étages.

Papetier : Fabrique des feuilles à partir de chiffons/matières fibreuses ; eau claire essentielle.

Pelletier : Travaille les fourrures (préparation des peaux garnies de poil).

Cordonniers / Maroquiniers : Montage de souliers, sacs, ceintures, harnachement.